Frédéric Bizard au 20h de TF1 du 3/12/15 sur les médicaments OTC

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L’association « 60 millions de consommateurs » a analysé 61 médicaments vendus sans ordonnance et prétend qu’une majorité sont inefficaces et/ou dangereux.

Rappelons que tous les médicaments vendus en vente libre ont obtenu une autorisation de mise sur le marché (AMM) et font l’objet d’un suivi de pharmacovigilance par les autorités sanitaires. La méthodologie utilisée par l’association n’étant pas divulguée en détail, il est impossible d’en évaluer la pertinence. En revanche, l’association devrait se rapprocher des autorités sanitaires (ANSM) afin que leur méthodologie soit comparée à celle de l’ANSM. Manifestement, ces deux entités n’arrivent pas aux mêmes conclusions!

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Ajoutons que la distribution des produits OTC se fait uniquement à travers le réseau des pharmacies, dont la compétence des professionnels de santé qui y travaillent est essentielle pour maîtriser les risques. Ces derniers sont surtout concentrés sur les personnes âgées polymédiquées pour lesquelles des risques d’interactions négatives entre principes actifs pourraient survenir. Cette étude a au moins le mérite de rappeler qu’un médicament OTC (over the counter, sans ordonnance), même peu actif, reste un médicament doté d’effets secondaires et de contre-indications. Le conseil d’un pharmacien reste indispensable. On peut s’étonner qu’une association de consommateurs concurrente, UFC que choisir, recommandait début 2015 de distribuer ces mêmes médicaments OTC dans les supermarchés.

Sur le plan économique, ce secteur est insuffisamment développé en France avec une part de marché pharmaceutique en volume de 15% contre 30% en moyenne en Europe. Pour des raisons de prudence sanitaire mais aussi de frilosité politique (on a créé un taux de remboursement de 15% par l’Assurance maladie), la France conserve de nombreux médicaments dans le panier de  l’Assurance maladie qui devraient être en vente libre. Ce transfert du secteur remboursé à celui du non remboursé est indispensable pour dégager les ressources suffisantes pour financer l’innovation. Le parcours de soin passant directement par le pharmacien pour traiter des troubles mineurs de santé allège aussi le parcours médical d’autant de patients qui n’ont pas de raisons valables de consulter un médecin.

Même si on comprend bien l’objectif premier de cette association de faire du buzz en lançant des alertes anxiogènes à partir d’interprétations contestables voire farfelues, c’est l’intérêt général des consommateurs de dynamiser le marché des médicaments en vente libre, avec une exigence permanente de sécurité et de qualité!

Frédéric Bizard

Frédéric Bizard

Frédéric Bizard, est un économiste spécialiste des questions de protection sociale et de santé. Il est professeur d'économie affilié à l'ESCP Europe et enseigne aussi à Paris Dauphine. Il est Président fondateur de l'Institut Santé.

1 Comment

  1. Comme vous le savez les autorités sanitaires type (ANSM), manquent tout à fait d’indépendance, (pressions et compromis avec l’industrie pharmaceutique, manque d’indépendance de certains experts) elles ne sont donc pas très fiables mêmes si elles semblent avoir un statut de la fiabilité.
    La plupart de ces pseudo-médicaments ne traitent par ailleurs que les symptômes des affections concernées. Ils ne sont pas indispensables au minimum, mais peuvent être néfastes voire dangereux associés à d’autres médicaments, donc fondamentalement inutiles.
    Ici encore, une approche préventive (maintien en bonne santé est bien préférable) mais pratiquement inexistante dans les messages envoyés par la SS et le corps médical. Il y a ici un problème d’éducation du public, de formation du corps médical, de culture médicale sur la prévention, pratiquement inexistante dans le cursus médical. Votre commentaire est à cet égard en contradiction avec votre approche de la prévention.
    Quant à augmenter la part de marché des médicaments sans ordonnance afin de financer l’innovation et de rejoindre nos partenaires européens ; compte tenu du service rendu par ces médicaments, cela revient á taxer le consommateur pour financer l’innovation, si la logique économique fonctionne bien, je ne suis pas d’accord sur la méthode : faire consommer des pseudo-médicaments inutiles pour la plupart, pour en tirer un mode financement!
    Quant à votre conclusion, je la trouve particulièrement biaisée, les agences informent, vous informez, et 60m fait le buzz et propage un message anxiogène sur base d’interprétations contestables et farfelues! Non il s’agit d’un message de précaution et d’information du consommateur, comme vous l’expliquer fort bien par ailleurs, le consommateur, le patient doit être un acteur du système médical, c’est le cas ici et cela est sain pour le système, autrement déséquilibré dans son information entre autres.
    Dynamiser le marché des médicaments en vente libre, oui mais avec toute l’information nécessaire, autrement on se trouve dans une espèce de marché à position médicale/pharmacologique dominante, sans possibilité de choix pertinent pour le consommateur.

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