Emprunt citoyen pour financer 22 lits à l’#hôpital: quand ce système de santé aura t’il touché le fond !
L’#hôpital d’#Evreux a lancé un emprunt citoyen de 100 000 euros, rémunéré à 2,8% sur 7 ans, pour financer l’ouverture de 22 lits.
La nature de l’investissement
Financer des lits par un emprunt citoyen interroge sur la logique économique de l’opération. Le coût réel d’un lit repose avant tout sur le personnel hospitalier.
Soit l’hôpital a connu des fermetures de lits non justifiées et se retrouve en tension : dans ce cas, il devrait demander la réouverture à l’ARS et financer les postes par l’activité supplémentaire.
Soit l’hôpital souhaite agrandir son offre, et le projet doit être présenté clairement aux futurs souscripteurs.
C’est mignon de tenter d’attendrir la population locale par un emprunt citoyen pour ouvrir des lits mais c’est un non-sens économique. Une alternative plus pertinente serait de solliciter les citoyens pour équiper l’hôpital en matériel médical ultra-moderne, un robot chirurgical dernier cri, inédit dans la région, et dont la population pourrait réellement bénéficier.
L’argument de la rentabilité du placement
Sur le plan financier, ce placement présente peu d’intérêt pour les citoyens. Comparé au livret A, l’hôpital met en avant une rémunération attractive, mais la comparaison pertinente est celle avec l’obligation d’État à 10 ans (~3,5 %).
L’Hôpital est un secteur chaque année plus risqué du fait des déficits incontrôlés et records (>3 Mrds en 2024, recorriger depuis 58).
Certes, l’État est caution mais la signature de l’état français ne vaut plus 2,8% de rémunération…
Le prétendu lien social
L’idée que cet emprunt créerait un lien social semble illusoire. Prétendre financer l’accès à un lit par la population locale relève davantage d’une « tiers-mondisation » du système qu’une réelle initiative sociale. Cette démarche donne surtout à voir le symptôme du tonneau des Danaïdes qu’est devenue la santé en France, et l’hôpital en particulier.
Cet emprunt vient financer un droit le plus basique qu’un pays peut garantir à un citoyen : l’accès à un lit hospitalier.
En plus, il y a quelque chose de XXème siècle dans ce choix d’investissement !
Un puits sans fond
Rappelons que les dépenses de santé (dont 80% au total et 94% pour l’hôpital sont publiques) ont augmenté de 42 Mrds en 4 ans (2019 à 2023), dont +25 Mrds € (60%) pour l’hôpital. En 2019, 47% des dépenses totales étaient à l’hôpital contre 49% en 2023 (cf tableau).
Le système va à l’encontre de la logique du virage ambulatoire, qui exige de transformer l’ensemble du système et de le moderniser par de l’investissement non dans les lits mais dans la part ambulatoire de l’hôpital et en ville.
100% de ce dépenses sont financées par les citoyens.
La responsabilité de cette descente aux enfers est avant tout celle de l’État et de l’Assurance maladie et non celle de ceux qui tentent des initiatives localement.
Ne pas oublier que les premières victimes de ce phénomène sont les professionnels de santé.
Soutenons-les mais surtout réformons !