Cher(e) Camarade,
Tu veux affranchir le citoyen de toutes les entraves à l’aide à mourir, par le suicide assisté ou l’euthanasie.
Tu es donc un libéral convaincu sur ce sujet.
Puisses-tu être aussi libéral(e) sur les autres grands sujets sociaux.
Puisses-tu être aussi libéral(e) pour donner le droit à chacun de choisir le moment de sa retraite.
Puisses-tu être aussi libéral(e) sur la possibilité de financer partiellement cette retraite par l’épargne accumulée tout au long de sa vie active.
Puisses-tu être aussi libéral(e) pour libérer le citoyen de l’emprise de l’État et de son administration qui asphyxie son système de santé.
Puisses-tu être aussi libéral(e) pour le renforcement du capital humain en santé, en acceptant que c’est d’abord le citoyen qu’il faut responsabiliser et non l’État qu’il faut hypertrophier.
Puisses-tu être aussi libéral(e) pour refuser tout État Providence qui fonctionne à crédit, léguant une dette à nos enfants qui grèvera leur protection sociale.
Puisses-tu être aussi audacieux(se) pour protéger la vie de nos concitoyens les plus vulnérables – les malades, les personnes en situation de dépendance et de handicap -, que tu l’es pour défendre leur droit à mourir.
Puisses-tu, enfin, ne pas développer un libéralisme social à géométrie variable, selon les sujets qui t’arrangent !
Sois cohérent(e), Camarade
Et n’oublie pas : précipiter ou provoquer la mort n’a rien d’une approche humaniste.
Notre maître Montaigne, dans ses Essais, nous enseigne qu’il faut accepter naturellement d’avoir à mourir, quand le temps est venu.
Tu sais qu’il considérait, comme les philosophes de l’Antiquité, que « Philosopher c’est apprendre à mourir ».
Apprendre à mourir demande un effort, un cheminement.
On pourrait l’enseigner d’ailleurs à nos chérubins dans les Humanités.
Oui, nous sommes tous mortels, tu le sais bien !
Mais chaque chose en son temps :
« Quand je danse, je danse ; Quand je dors, je dors ».
Quand je vis, je vis.
« Tous les jours vont à la mort. Le dernier jour arrive ».
Sois patient(e), Camarade !
Publication dans The Conversation du 1/04/2025
Publication dans Les Échos du 5/04/2025