Frédéric Bizard

Covid19 : Le dépistage massif sauve des vies !

« Nul ne peut combattre un incendie les yeux bandés » déclarait le 16 mars le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’OMS a ainsi appelé à dépister le plus largement possible les cas de Covid-19.

La France a décidé d’adopter une autre stratégie que le dépistage de masse : le dépistage ciblé sur les personnes présentant des symptômes graves et sur celles ayant été en contact étroit avec des cas confirmés Covid+.

L’OMS s’est notamment appuyé sur l’expérience de plusieurs pays asiatiques – dont la Corée du Sud, Taiwan, Singapour –, qui ont réussi à endiguer l’épidémie sans aller jusqu’à un confinement général de la population. En Europe, l’Allemagne a aussi adopté une approche de large dépistage.

Après l’Asie, le cas allemand confirme le succès du dépistage massif

L’annexe 1 démontre l’impact des tests massifs sur la réduction de la mortalité dans deux situations comparables que sont la France et l’Allemagne.  Au 25 mars 2020, le nombre de décès est 8 supérieur en densité par million d’habitants en France (16) qu’en Allemagne (2). Le seul jour du 24 mars, le nombre de décès par jour était 9 fois plus élevé en France (3,6) qu’en Allemagne (0,4), en densité par million d’habitants.

L’Allemagne réalise environ 4 fois plus de tests que la France avec une capacité journalière de 5000 à 5000 en France contre 20000 à 25000 en Allemagne.

Du fait d’un dépistage plus massif, l’Allemagne a 20% de plus de cas confirmés en densité que la France (267 par million d’habitants contre 216) au total. A noter que le 1er mars, la France comptait autant de cas confirmés au total que l’Allemagne (130).

Si on élargit la comparaison à 3 pays asiatiques ayant pratiqué un large dépistage (annexe 2), la France présente une densité de décès 14 fois supérieure à la moyenne (16,4 vs 1,2 par million d’habitants).

 

Pourquoi tester massivement réduit la mortalité

D’abord, le dépistage massif permet à chaque individu infecté de le savoir avec certitude. Cette connaissance va l’inciter fortement à se confiner avec rigueur et à se soigner. En cas de forme grave, le diagnostic précoce, comme pour toute autre maladie, augmente la probabilité de guérison.

Le dépistage massif présente le double avantage de mieux protéger la collectivité et l’individu.

Ensuite, le dépistage est important pour prendre les dispositions appropriées face à l’évolution de l’épidémie. Il permet aux autorités sanitaires de mieux comprendre la propagation de l’épidémie sur le territoire et de prendre des mesures basées sur des faits précis pour ralentir cette propagation.

Sans dépistage massif, les autorités agissent à l’aveugle d’où le cri d’alerte du directeur de l’OMS.

 

Dogmatisme et bureaucratie frappent encore malgré la crise

Notre technostructure sanitaire est connue pour freiner les initiatives et compliquer inutilement la vie des soignants.

Si la stratégie française de limiter le dépistage à certaines cibles est dictée avant tout par la pénurie, cette dernière n’est pas seulement due à des contraintes matérielles mais aussi à cette technostructure coupable de dogmatisme et d’incompétence malgré le contexte de crise.

L’administration sanitaire s’est confondue de tergiversations en émettant début mars différents avis, recommandations et arrêtés pour préciser les techniques de mise en œuvre du diagnostic du covid-19. Jusqu’au 7 mars 2020, le dépistage a été uniquement autorisé dans certains hôpitaux publics ce qui a bridé notre capacité de délivrance à court terme de ces tests sur l’ensemble des territoires.

La force de frappe en volume de la biologie médicale en France se situe dans le secteur privé avec 4200 sites de prélèvements et 500 sites de prélèvements et 26 plateformes dans le public. Le prix de l’acte de 54 euros a été tarifé quasiment à prix coûtant donc les risques d’abus étaient contenus.

On pourrait penser que la gravité de la situation, les nombreuses vies en jeu dans les jours à venir, auraient raison de l’incurie technocratique. Pas vraiment !

Le syndicat des biologistes médicaux (publics et privés) écrivait le 19 mars dans leur communiqué de presse que « s’équiper des automates étant soumis à autorisation des Agence régionale de santé (ARS), nous constatons que cette autorisation est refusée dans plusieurs régions ».

Cela s’ajoute au manque criant de kits de protection et à la difficulté de croissante de s’approvisionner en réactifs et en écouvillons.

Monsieur Le Ministre des Solidarités et de la santé, il est urgent de taper du poing sur la table au sein de votre administration !

 

Frédéric Bizard

 

Annexe 1 : Comparatif de la France avec l’Allemagne au 25/03/2020 sur le Covid-19

 

Annexe 2 : Comparaison de la France avec des pays pratiquant un dépistage de masse au 25/03/2020

 

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